Le masque MCG (Matériel Chimique de Guerre), baptisé ARS (Appareil Respiratoire Spécial)
 
Le 3 août 1916, un nouveau modèle inspiré du modèle allemand est mis à l'étude. Le 20 janvier 1917, il est adopté. Cependant, sa mise en œuvre industrielle va être assez longue et ce n'est que le 18 janvier 1918 qu'il commence à être distribué aux armées. Même après sa distribution massive, il faudra attendre longtemps avant que toutes les unités au combat en soit équipées. Beaucoup mieux appliqué sur le visage, l'ARS est incontestablement la meilleure protection contre les gaz. Il est fait à partir de tissu caoutchouté. Sa forme et sa technologie s'apparentent aux masques simples que l'on peut trouver à notre époque. La respiration se fait au travers d'une cartouche filtrante qui permet une protection beaucoup plus efficace que son prédécesseur. Il englobe bien le visage et se fixe grâce à des bandes élastiques réglables. Il est rangé dans une boite métallique cylindrique et cannelée de couleur kaki qui se porte en bandoulière. L'ancien masque à gaz modèle M2 est relégué à la fonction de masque de secours et toujours porté dans sa housse en tissu ou sa boite métallique rectangulaire repeinte en kaki.
5 270 000 exemplaires vont voir le jour avant l'armistice et la production continuera après la guerre.
les masques TNH et LTN :
 
Avec l'apparition du masque M2, les tampons TN sont transformés en masque complet. Ceci pour éviter de jeter les 6 800 000 tampons TN distribués en janvier 1916. Le masque TNH est produit à 510 000 exemplaires et il est livré aux armées à partir du 20 avril 1916. Cependant, il ne donne pas satisfaction quant à sa mise en place sur le visage, il est vrai que les hommes ont en comparaison l'excellent masque M2.
Une amélioration est tout de même tentée par l'ajout d'une sangle supplémentaire derrière la tête, ce qui donne le masque LTN, produit à 100 000 exemplaires. Cependant, le masque M2 a déjà fait ses preuves et ses 2 modèles sont abandonnés.
Le masque M2
 
Parallèlement à l'apparition du tampon TN, un nouveau masque voit le jour le 6 décembre 1915. Le masque M2 est un masque complet qui recouvre le visage en totalité. La surface filtrante est donc étendue sur la totalité du masque. Il est composé de 2 pièces de gaze qui sont imprégnées et cousues ensemble. La première partie recouvre le visage en entier alors que la seconde forme une cavité qui englobe le menton et les joues. La vision est assurée par une vitre en plastique rectangulaire. Il est maintenu sur le visage grâce à 2 sangles élastiques, une 3e permet de porter le masque autour du cou en position d'attente.
Dès le début des tests, un problème est constaté. Bien que le masque possède une housse de rangement en tissu, il est préconisé qu'il soit rangé dans les mêmes boîtes métalliques que le tampon TN. Cependant, pour y entrer convenablement, le masque doit être plié en 2 en sa ligne médiane. Cette opération est délicate lorsque le masque vient d'être utilisé et il est constaté que cette pliure répétée endommage la vitre rectangulaire de vision.
2 améliorations sont apportées pour résoudre ce problème. Tout abord, le 24 janvier 1916, la vitre de vision est remplacée par 2 œilletons identiques à ceux utilisés dans la fabrication des lunettes. Plus tard, à partir du printemps 1916, les boîtes métalliques de rangement obtiennent une section rectangulaire et non plus ovale, permettant une plus grande contenance.
Le 2 mars 1916, il commence à être livré à raison de 50 000 unités. Il permet une protection pendant 5 heures. Il est très rapidement considéré comme un bon masque par les soldats. Il se place très rapidement et il est très polyvalent par rapport aux gaz utilisés par l'ennemi. De taille unique, il sera décidé en fin d'année 1916, de le proposer en 3 tailles. Vers le milieu de l'année 1917, son efficacité commence à être remise en question par l'apparition de nouveaux gaz plus agressifs, les irritants sternutatoires. Du début de l'année 1916 au 11 novembre 1918, sa production aura approché les 29 300 000 exemplaires.
Le tampon TN
 
Le 16 novembre 1915, une nouvelle formule neutralisante beaucoup plus efficace que les précédentes est mise au point. Il est urgent qu'un nouveau masque puisse intégrer cette nouveauté. En décembre 1915, le tampon T est modifié pour donner le tampon TN. Le nombre de compresses est ramené à 2 mais une est humidifiée de la nouvelle solution neutralisante. Les 2 bandes qui se nouent derrière la nuque sont remplacées par un lacet extensible, ce qui permet une fixation encore plus rapide et plus sûre. Il permet une protection satisfaisante pendant 3 heures.
Le tampon T
 
Le 3 novembre 1915, le tampon T est adopté et vient remplacer le tampon P2 et la cagoule qui en est dérivée. Fin novembre, 100 000 exemplaires sont envoyés aux armées.
A l'étude depuis août 1915, ce masque a l'avantage de s'appliquer très facilement, d'être étanche et de permettre à son utilisateur de parler.
De récentes études ont montré que de nombreux intoxiqués l'avaient été à cause de la difficulté et du temps nécessaire à installer leur masque. Ensuite, une fois le masque en place et l'homme en mouvement, de la difficulté à le garder en position. Enfin, de la nécessité pour les officiers, de le soulever pour donner leurs ordres.
Ce nouveau modèle se présente sous la forme d'une enveloppe en tissu triangulaire que l'on se place sur le visage. Son système d'attache consiste en une sangle élastique qui passe au-dessus de la tête et une seconde qui passe derrière. 2 sangles de tissu se nouent également derrière la nuque.
Il est livré avec 3 compresses humidifiées de solution neutralisante.
Le tampon P2 et le sachet S2
 
A la fin du mois d'août 1915, un nouveau tampon appelé "tampon P2" est mis en activité. Il se présente sous la forme d'une enveloppe en tissu dans laquelle, on place les compresses imprégnées de produit neutralisant. Il se noue derrière la tête par 2 bandes de tissu. Une paire de lunettes est toujours obligatoire et portée parallèlement au tampon.
3 types de compresses C1, C2 et C3 vont successivement être distribuées pour améliorer la protection.
Au total, ce sont 4 500 000 exemplaires qui sont distribués entre fin août et fin octobre.
Parallèlement au tampon P2, une nouvelle pochette est conçue en toile imperméable de couleur bleue horizon. Elle est appelée " Sachet S2 pour tampon P2 ". Ce sachet est constitué de 2 compartiments, un pour le tampon P2 et un pour les lunettes. Le tout est fermé par 2 boutons.
Ce nouveau sachet doit théoriquement être porté au ceinturon, pour cela, il est muni en ses 2 angles supérieurs, de 2 passants en tresse. Cependant, il sera très rarement porté de la sorte, les soldats préféreront l'attacher aux 2 boutons des poches poitrine de la capote, soit directement épingler les passants au niveau de la poitrine. Une ficelle sera quelques fois ajoutée pour le porter en sautoir.
Le 6 décembre 1915, une cagoule formée sur la base d'un tampon P2 sera temporairement mise en service. Elle permet une application plus simple sur le visage et supprime l'utilisation de lunettes.
Cette cagoule reste moins efficace que le tampon T récemment distribué mais qui n'a pas encore été livré à toutes les unités en ligne. Le tampon P2 puis la cagoule qui en est dérivée sont finalement totalement remplacés par les tampons T et TN.
Les compresses
 
Le 27 mai 1915, le GQG décide d'apporter des modifications au bâillon.
Sa taille est portée à 13 cm par 25 et la matière absorbante est modifiée. La durée de protection passe ainsi à 30 minutes.
Ce nouveau modèle qui s'appelle dorénavant "compresse" est aussitôt produit en grande quantité. Il commence à être distribué à partir de mi-juin 1915. Il se range dans un sachet protecteur en tissu qui se ferme par un bouton et se porte autour du cou.
Cependant, cette précipitation dans sa mise en œuvre fait apparaître rapidement de nouveaux défauts. Son système d'attache qui est identique au modèle précédant s'avère très fragile. Les lanières se déchirent assez facilement lorsqu'on tire dessus assez violemment, chose assez fréquente quand les soldats s'équipent en urgence, la nappe de gaz arrivant sur eux.
Fin juin 1915, ce système d'attache est modifié par 2 rubans de la largeur de la compresse. De plus, pour que la compresse épouse un peu mieux la forme du nez, un fil de fer souple est introduit dans la partie supérieure.
Le 18 août 1915, elle est livrée dans un nouveau sachet de protection plus grand et qui contient 2 compartiments permettant de ranger à la fois la compresse et les lunettes.
Les cagoules
 
Les Anglais ont développé de leur côté une cagoule expérimentale qui semble donner de bons résultats.
L'armée française étudie le procédé et décide d'en produire en plus des baillons.
Un prototype est vite mis au point. C'est un simple sac de toile percé d'une ouverture horizontale au niveau des yeux. Cette ouverture est munie d'une plaque transparente.
Assez large pour pouvoir se mettre par-dessus le képi, elle se ferme hermétiquement en se glissant sous le col de la capote que l'on boutonne par-dessus.
Avant utilisation, elle doit être plongée entièrement dans une solution d'hyposulfite ce qui demande une grande quantité de produit. La respiration se fait à travers le tissu.
Le 21 mai 1915, 48 000 exemplaires sont envoyés aux armées pour test.
Ce nouveau type de protection est bien apprécié par les hommes pour sa facilité d'utilisation. Début juin, 2 millions de cagoules sont commandées pour approvisionnement général.
En réalité, la protection qu'offre les cagoules est bien inférieure à celle des baillons. Elle est de 10 minutes pour un homme au repos.
De plus, l'air qui est confiné à l'intérieur de la cagoule se charge rapidement en dioxyde de carbone ce qui rend la respiration difficile.
Avec les nouveaux gaz produits par les Allemands, les substances à base de Brome notamment, la cagoule est peu à peu abandonnée.
Les tout premiers modèles de lunettes
 
De mauvaise qualité, non étanches et s'ajustant mal au visage, elles sont bien souvent complètement inefficaces. Des modifications sont apportées pour tenter de les rendre le plus possible étanches. Elles vont tout abord être conçues avec un tissu caoutchouté. Leur surface va s'agrandir pour se plaquer plus facilement sur le visage (type DMCG en août 1915).
Les œilletons vont avoir une armature en métal (septembre 1915).
Elles vont être doublées d'un molleton et munies d'une sangle élastique pour être mises plus rapidement (type Meyrowitz fin 1915).
Les compresses et les masques de protection contre les gaz
Le 22 avril 1915, dans les Flandre, dans le secteur d'Ypres, en dépit de tous les accords internationaux, l’armée allemande lance la première attaque aux gaz à grande échelle, dite "première opération par vague gazeuse dérivante". 150 tonnes de chlore à l'état liquide, dans des cylindres en acier pressurisés, sont libérés et portés par le vent vers les positions ennemies. Dans les tranchées françaises, c'est la débandade, rien n'a été prévu contre la guerre chimique. Les hommes hurlent de douleur, crachent du sang. Asphyxiés, aveuglés, ils font des efforts désespérés pour retrouver leur souffle, avant de mourir en lacérant leurs vêtements. Durant l'agonie, leur visage devient verdâtre, se crispe dans une expression monstrueuse, les pupilles exorbitées et striées de sang. Les boutons en métal de leurs uniformes sont attaqués par l'acide.
La France lance un ambitieux programme de recherche pour concevoir ses premiers gaz de combat. Parallèlement, l'armée française se lance alors dans une course effrénée pour concevoir et équiper de protections contre les gaz, toutes les unités combattantes.
 
Les baillons
 
Les premiers " masques " créés ne sont en fait que de simples baillons copiés sur des modèles allemands retrouvés sur le champ de bataille après l'attaque des Flandres.
Le modèle français mesure 8 cm sur 12, il est constitué d'une enveloppe de tissu remplie de coton. On le met sur le visage à l'aide de 4 lanières de tissu à chaque extrémité que l'on noue derrière la tête. Il est imprégné au niveau du nez et de la bouche d'une solution d'hyposulfite, copiée sur celle utilisée par les Allemands.
Le 25 avril 1915, il est décidé de le produire massivement et d'approvisionner les troupes en 1ère ligne le plus rapidement possible.
Très vite, ce modèle s'avère très peu efficace contre les gaz. Trop petit, il ne couvre pas suffisamment les voies respiratoires et la durée de protection n'est pas assez longue. La matière intérieure n'absorbe pas assez de liquide neutralisant.
 
Les lunettes
 
Parallèlement à cette protection des voies respiratoires, il est rapidement mis en évidence que les yeux doivent également être protégés. 500 000 paires de lunettes sont commandées et les premières sont livrées le 20 avril 1915.
La grenade œuf Foug modèle 191
 
En 1917 à l'imitation des grenades œuf allemandes et anglaises, on fabriquera une grenade citron version miniature. Le corps quadrillé intérieurement porte à l'extérieur deux anneaux qui assurent une bonne prise en main par temps de grand froid ou de pluie.
Le bouchon allumeur est une version miniaturisée et métallique du bouchon allumeur de sa sœur la grenade citron. Cette grenade ne se trouve que rarement dans les collections et sur les champs de batailles. Elle n'a donc pas dû être fabriquée à de très nombreux exemplaires
 
Les grenades suffocantes
 
Il existe avant 1914 plusieurs modèles de grenades suffocantes. Le corps est toujours en laiton étamé intérieurement et la projection du liquide irritant est assurée soit par une légère charge de poudre soit par un détonateur. Ces grenades sont suffocantes et lacrymogènes. Elles rendent intenable un espace clos ou mal aéré et sont souvent employées pour obliger l'ennemi à évacuer un abri.
 
Les grenades incendiaires
 
Ces grenades chargées d'essence sont équipées d'un allumeur à friction. La mise à feu du liquide est assurée par un tube central chargé de magnésium en poudre. Dans certains cas, ce tube reçoit en plus un détonateur.
Pour distinguer les grenades avec détonateur, celles-ci portent une marque de peinture rouge sur le col. Les autres portent une marque blanche. Un petit modèle a un diamètre de 8 cm et un poids total de 500 grammes. Un gros modèle a un diamètre de 12 cm. Sa vis de chargement est placée à la base de la grenade au lieu d'être sur sa partie supérieure.
 
Le mortier de tranchée (le crapouillot)
 
Ce canon de tranchée a été surnommé " crapouillot " par les poilus parce qu'il ressemble à un crapaud. Il ne possède pas de roues et il est mis en batterie par 2 hommes qui le portent sur un brancard. Avec sa gueule énorme, il est capable de lancer jusqu'à 500 m des obus-torpilles bourrés de cheddite, qui creusent des entonnoirs profonds de 4 m dans les tranchées adverses.
Ce sont les Allemands qui ont compris les premiers qu'avec la guerre de position, l'artillerie aussi devait s'enterrer. Ils mettent au point début 1915 un mortier de tranchée, le " minenwerfer " (lance-mines). Devant une telle arme, les Français ne savent pas quoi faire et ressortent des arsenaux de vieux obusiers de la guerre du Mexique qui ont du mal à tirer et sont très peu fiables.
Ce n'est qu'ensuite qu'ils mettent au point le crapouillot de 58 tirant des projectiles à ailettes.
La grenade citron Foug modèle 1916
 
La grenade citron tire son nom de sa forme caractéristique. En 1916, le profil de la grenade asperge est modifié pour obtenir une meilleure fragmentation. L'expérience a prouvé que ce n'est pas seulement le quadrillage interne ou externe qui détermine le nombre et la régularité des éclats d'une grenade, mais le profil combiné à la charge d'explosif. Pour les mortiers par exemple, une différence de deux ou trois degrés dans le rayon de courbure du corps permet à l'explosion de gagner plusieurs milliers d'éclats.
La grenade citron Foug permet d'obtenir une fragmentation régulière grâce à la faible épaisseur de sa paroi rendue possible par la largeur du col. De plus, le gain de poids par rapport à la grenade F1 permet d'augmenter la charge d'explosif (90 grammes de cheddite pour un poids total de 550 grammes).
Le sabot de bois ne sera pas modifié par rapport aux modèles précédents jusqu'au milieu de l'année 1917, et reste fixé par trois chevilles de bois. Il sera ensuite simplement collé.
Le capot de protection pointu en 1916, devient arrondi, puis plat à partir de 1918. Les capots à tête ronde récupérés par les poilus et emboîtés deux par deux, l'un dans l'autre en sens inverse, leur serviront " d'œuf " à repriser les chaussettes.
La grenade F1 modèle 1915
 
Vers Mai 1915, la grenade F1 commence à être distribuée à quelques exemplaires. Construite en fonction des nouvelles conditions de combat, elle est constituée par un corps en fonte monobloc fortement quadrillé extérieurement. Chaque extrémité est percée d'une ouverture résultant des nécessités de fabrication.
Les deux ouvertures, inférieure et supérieure, sont filetées pour recevoir le bouchon allumeur. L'ouverture inférieure est scellée par une vis bloquée par un coup de pointeau ou par un bouchon de plomb. Le poids total est de 630 grammes dont 60 grammes de cheddite. Malgré les 38 divisions du quadrillage, l'explosion produit au plus une dizaine d'éclats qui peuvent être dangereux dans un rayon de 200 mètres.
Elles sont d'abord expédiées non chargées aux armées, par caisses de 100 et fermées par un bouchon de liège ou de papier. Elles seront ensuite expédiées chargées fermées par un bouchon de bois. Après la mise en service de bouchon allumeur automatique modèle 1915, les grenades F1 parviendront aux troupes chargées et amorcées.
La grenade F1 n'apparaîtra couramment sur le front qu'au début de 1916.
La grenade offensive fumante (OF)
 
Son enveloppe est ovoïde, en fer blanc épais de 3/10 de millimètre. Elle est remplie de 150 grammes de cheddite.
L'allumage est constitué d'un bouchon allumeur automatique. Le montage de l'allumeur sur la grenade est effectué dans les parcs; l'engin est livré aux troupes amorcé dans des coffrets munis d'un couvercle à charnière, d'un fermoir et d'une poignée de transport.
Poids total de la grenade: 255 grammes.
La grenade asperge Foug modèle 1915 Long
 
En 1915, les ateliers Foug en Meurthe et Moselle construisent également une grosse grenade cylindrique défensive équipée d'un nouveau modèle d'allumeur à percussion protégé par un capot de tôle.
La fabrication de cette grenade sera rapidement arrêtée du fait de son poids trop lourd, aux alentours d'1kg 400, qui ne permet au fantassin de ne porter qu'un nombre trop restreint de grenades. L'allumeur sera cependant conservé et adapté sur les modèles suivants.
 
La grenade à manche Foug modèle 1915
 
Entre avril et juillet 1915, les ateliers Foug fabriqueront 48 000 grenades à manche copiées sur le modèle allemand. L'allumeur à traction est constitué par une étoupille modèle 1885 dont on a enlevé la charge de poudre pour la remplacer par un bout de cordeau bickford de 5 secondes de retard. Ce modèle porte un crochet de ceinture.
 
La grenade percutante PI modèle 1915
 
Il s'agit de la première grenade française percutante. Elle est surnommée "cuillère" en raison de la forme particulière de son levier de sécurité. Lestée et munie d'un ruban jouant le rôle d'empennage, elle éclate à l'impact grâce à une masselotte percuteur.
Cette grenade ne devait pas être très fiable car on peut en retrouver un grand nombre non explosées sur les champs de bataille.
La grenade asperge Foug modèle 1915
 
Il s'agit d'une version allégée du modèle précédent, qui utilise un allumeur. Ce dernier est une version du bouchon à percussion modèle 1915 ou le plomb a été remplacé par le bois.
Le percuteur est logé dans un sabot de bois qui ferme la grenade. Un léger ressort à boucle maintient le percuteur éloigné de l'amorce. La mèche qui assure un retard de 5 secondes est fixée au sabot grâce à de la cire à cacheter et le détonateur qui la termine est maintenu sur celle-ci avec une bande de chatterton. Le sabot est fixé à la grenade par trois petites chevilles de bois et un capot de fer blanc collé à la cire à cacheter protège la tête du percuteur jusqu'au moment de l'utilisation. Ce capot est souvent fabriqué à partir de tôle de récupération et il est courant de constater que l'intérieur porte des impressions ou l'on peut lire des marques de sardines ou de biscuits.
La grenade Italienne Bezzozi
 
A partir du début de 1915, dans l'entente, des nouvelles grenades sont mises à l'étude mais les troupes françaises vont faire un grand usage de la grenade Bezzozi d'abord importée d'Italie puis fabriquée sous licence par la France.
Très compacte et quadrillée extérieurement, ce qui lui assure une bonne prise en main, elle est constituée par deux calottes de fonte vissées contenant une charge de 60 grammes d'explosif "P". Le système d'allumage est lui par contre assez rudimentaire: constitué d'une simple mèche munie d'une tête phosphorée. Une fois chargée, la grenade est plongée dans un bain de paraffine qui lui assure une bonne étanchéité. Son poids total est de 630 grammes et le retard de la mèche est de 7 secondes. Elle est livrée aux troupes chargée est amorcée dans des caisses de 50 pièces.
Malgré un capot de protection, la pâte d'allumage de la mèche est inutilisable par temps humide et c'est souvent avec le fourneau de leur pipe que les poilus ont l'habitude de l'enflammer.
La grenade modèle 1914
 
La réalisation de ce type d'arme n'étant pas considérée comme prioritaire étant donné l'aspect offensif que devaient prendre en principe les opérations, ce n'est qu'en 1914 que le nouveau modèle sera adopté et les premiers exemplaires ne parviendront aux troupes qu'au cours du premier trimestre de l'année 1915.
Le corps en fonte présente les mêmes dimensions que celui du modèle 1847 mais il est désormais quadrillé intérieurement et l'œil a été fileté. Il eut été préférable de faire le quadrillage à l'extérieur car cela aurait du même coup amélioré la prise en main de cet engin trop volumineux.
La charge de poudre reste identique à celle du modèle précèdent: 110 grammes de poudre à canon ordinaire MC 30 (75% de salpêtre. 12.5 % de soufre). La taille des grains variant de 1.4 à 2.5 millimètres.
La grenade s'utilise à l'aide d'un cordeau tire feu. Ce mode de lancement qui demande un espace dégagé assez important derrière le lanceur, finira par rendre la grenade inutilisable au fur et à mesure de la présence de nouveaux engins de tranchée qui feront leur apparition. Pour tenter d'utiliser malgré tout les stocks existant on réalisera à la hâte des fusées à percussion et l'on chargera les grenades d'un cheddite explosif plus puissant que la poudre noire. Ces fusées à percussion seront également montées après filetage de l'œil sur des grenades modèle 1847, mais la forme et le volume de ce type de grenade ne permettent pas d'utiliser cette grenade de façon satisfaisante.
Le pétard de destruction pour barbelés
 
Outre les pétards de la III° Armée, il existe pour la destruction des barbelés un pétard explosif à forte capacité.
Il est constitué par un cylindre de tôle roulée et rivetée, fermé à chaque extrémité par un tampon de bois. Le tampon inférieur porte un manche dans lequel est logé le système d'allumage; ce dernier est généralement constitué par un allumeur à traction modèle 1913 ou par une étoupille reliée à une mèche assurant un retard de 5 secondes. La charge est constituée de 400 gr de cheddite. Pour assurer une explosion uniforme, plusieurs détonateurs sont liés ensemble et reliés par du cordon détonant entre les cartouches de cheddite.
Sur le manche figure, brûlé au feu, un marquage ou figure l'indication du retard "5 secondes" . Cet engin porte quelquefois un crochet de ceinture en fil de fer.
En 1916 apparait un modèle identique mais chargé de 800 gr de cheddite.
Les grenades et mortiers à tir courbe
 

Le pétard dit " de la III° Armée "
 
Les premiers modèles de grenades sont très rudimentaires et ne peuvent, pour ainsi dire, guère porter le nom de " grenades " mais plutôt de " pétard ". Le plus connu d'entre eux est le pétard dit " de la III° Armée ".
D'une grande simplicité, il est construit suivant des spécifications très précises et se rencontre avec 5 types de tubes explosifs différents:
- un tube d'acier lisse extérieurement et intérieurement, c'est le plus courant.
- un tube de fonte fragmenté intérieurement.
- un faisceau de tige d'acier de 5 mm de diamètre et de 12.5 centimètres de longueur.
- un tube de fonte à gros quadrillage extérieur.
- un tube de fonte à petit quadrillage extérieur et base plate pour faciliter l'assemblage sur la planchette.
Bien que très rudimentaire, il finira par s'imposer sur tout le front, même au cours des années 1916-1917, comme grenade de secours à chaque fois où, pour une raison quelconque, les troupes manqueront de grenades.
Les pistolets signaleurs
 
De calibre 25, il sert à lancer des artifices à signaux ou éclairants et porte environ à 60 m.
- le premier modèle est entièrement en bronze avec une crosse droite. Sa longueur est de 195 mm pour un poids de 940 gr
- le second modèle de 1917, assez peu répandu est équipé d'une crosse courbe et d'un canon long. Sa longueur est de 277 mm
- le troisième modèle de 1918 est équipé d'un canon en acier, la carcasse est en bronze ou en fonte. La crosse est droite. Sa longueur est de 272 mm pour un poids de 1,100 kg
Le calibre exact des trois modèles est de 265 mm
Le pistolet Star
 
En 1917, sortie du pistolet " Star ". Il ne remplace pas le pistolet " Ruby " qui continue à être abondamment fourni. Cette arme ne se différencie du " Ruby " que par quelques détails d'organisation et une meilleure conception. Le canon est plus long, le nombre de cartouches du chargeur peut varier de 7 à 9. De même calibre, tirant les mêmes cartouches, sa meilleure conception rend les enrayages peu fréquents. Cette arme présente cependant un danger qui causa de nombreux accidents : ce n'est en effet pas parce qu'on a retiré le chargeur que l'arme est déchargée. Il reste encore généralement une cartouche dans le canon.
Il fut produit à environ 25 000 exemplaires.
 
Caractéristiques :
longueur : 202 mm
canon : 13 cm 8
calibre : 7 mm 65
capacité : 9 coups (7 pour le modèle officier)
Le pistolet semi-automatique Ruby
 
Un pistolet automatique de 7,65 mm est livré à partir de 1915, le pistolet " Ruby ". D'une bonne conception, il a le mérite d'une grande simplicité, mais sa fabrication s'apparente d'avantage à la serrurerie qu'à l'armurerie et, en outre, plusieurs de ses pièces manquent de robustesse; le percuteur, notamment est sujet à se fausser et même se briser. Les risques d'enrayage sont fréquents.
D'autre part, il est d'une puissance très insuffisante pour une arme de guerre. Sa balle trop légère n'a, malgré une vitesse initiale de 260 m/s, qu'une force vive à la bouche, de 15 kg environ.
Il est très répandu dans toutes les armées, principalement dans l'infanterie, où il arme les servants de fusils mitrailleurs et d'engins, les grenadiers lanceurs, les " nettoyeurs de tranchées ", les spécialistes des transmissions, les brancardiers.
 
Caractéristiques :
longueur : 160 mm
poids : 800 gr
canon : 9 cm
calibre : 7 mm 65
capacité : 7, 8 ou 9 coups + 1 coup
Le modèle 1892
 
Les officiers et adjudants, sergents majors, tambours et hommes de troupes montées, sont pourvus quant à eux du revolver modèle 1892.
Cette arme à barillet de 6 cartouches de 8 mm, est restée en service de 1892 jusqu'à son remplacement par le MAS 1935. Ce pistolet précis et fiable est agréable à utiliser. Sa munition est de force moyenne. Le barillet bascule vers la droite, ce qui est assez inhabituel. Son principal défaut réside dans sa cartouche qui a une trop faible vitesse.
La carcasse de l'arme est originale car la plaque de côté normalement fixée par des vis, est articulée à l'avant afin que le trou du côté gauche puisse être découvert. Cela facilite l'entretien.  Il fut produit à environ 385 000 exemplaires
 
Caractéristiques :
longueur : 234 mm
poids : 840 gr
capacité : 6 coups
calibre : 8 mm
vitesse initiale : 210 m/s
modèle 1874
modèle 1873
Le revolver :       Le modèle 1873 - 1874
 
Au début de la guerre, les revolvers d'ordonnance modèle 1873 et 1874 sont réservés aux hommes de troupe non pourvus d'un fusil, d'une carabine ou d'un mousqueton. Cela regroupe toutes les unités qui ne sont pas directement au combat. Le revolver d'officier modèle 1874 est un revolver 1873 allégé. Même système et même cartouche mais le barillet comporte des cannelures longitudinales et raccourcies autant que la longueur de la cartouche l'autorise. La cage du barillet est réduite en conséquence, la poignée de la carcasse est évidée et la plupart des pièces du mécanisme sont réduites d'épaisseur.
Le revolver 1873 et 1874 ont à eux deux été produits à environ 380 000 exemplaires.
 
Caractéristiques :
longueur : 242 mm (modèle 73), 231 mm (modèle 74)
poids : 1200 gr (modèle 73), 990 gr (modèle 74)
capacité : 6 coups
calibre : 11 mm
canon : 114 mm (modèle 73), 111 mm (modèle 74)
La baïonnette " Rosalie "
 
Contrairement à la baïonnette anglaise et allemande, la baïonnette française n'est pas une lame, mais une pique cruciforme et très pointue qui peut s'avérer redoutable.
Sa forme "ergonomique" est prévue pour que le combattant fasse un quart de tour vers la gauche avec son fusil avant de ressortir la baïonnette du corps de son ennemi. Ceci est censé provoquer une hémorragie interne qui ne laisse aucune chance de survie à l'ennemi. Il faut dire que la doctrine de guerre française en 1914 était : "seul le mouvement en avant porté jusqu'au corps à corps est décisif et irrésistible".
Toutefois, il faut se garder d'exagérer son importance dans le combat. Lors des corps à corps, épreuves redoutées entre toutes par les soldats même vétérans, dont les témoignages rapportèrent que l'angoisse était presque insupportable quand retentissait le fameux ordre de "baïonnette au canon", la baïonnette ne tarda pas à montrer ses limites dans l'environnement confiné des tranchées. Les soldats mettaient trop de temps à la sortir du corps de leur ennemi, et c'était prendre de gros risques au milieu d'une mêlée générale.
De plus, rendus dans la tranchée, les fantassins avaient le plus grand mal à manœuvrer un objet aussi long. La baïonnette française étant inutilisable à la main, c'est donc tout naturellement que les soldats remplacèrent progressivement les baïonnettes par des outils portatifs comme les pelles de tranchée et des casse-têtes de bois ferré appelés "massues de tranchées".
Quant aux troupes d'assaut spécialisées dans le "nettoyage de tranchées", qui se créèrent à partir de 1915, elles optèrent pour le revolver, la grenade et le couteau de tranchée.
En ce qui concerne le surnom de " Rosalie ", inventé par les chansonniers dans la veine du comique troupier, il fut très modérément employé par les Poilus. Il faut en effet être un amuseur public de l'arrière pour s'imaginer que le fantassin considère sa baïonnette comme une compagne et lui donne un surnom affectueux en conséquence.
Le premier modèle de 1886 mesure 638 mm avec un poids de 460 g. Il possède un quillon arrondi en haut du manche. Elle est portée sur le côté gauche du ceinturon.
L'expérience montre que durant l'assaut ou quand le soldat rampe, le quillon se prend souvent dans les fils barbelés rendant la progression gênante. Il est supprimé fin 1915 mais les " anciens " modèles avec quillon arrondi seront encore beaucoup utilisés toute l'année 1916.
Fusil Berthier modèle 1916 et lame-chargeur
5 cartouches
Fusil Berthier modèle 1915 et lame-chargeur
3 cartouches
Le fusil Berthier 1907/15
 
En 1907, le fusil Berthier est utilisé par les tirailleurs sénégalais. C'est une arme qui présente approximativement les mêmes caractéristiques que le fusil Lebel.
En 1915, après avoir subi une modification, il va commencer à être distribué aux troupes françaises pour, à terme (durant l'année 1916), le remplacer totalement.
Contrairement au fusil Lebel, il est composé d'une monture en bois d'un seul tenant, en noyer tout d'abord, puis en hêtre. Le modèle 1907 possède un levier coudé qui est remplacé par un levier droit sur le modèle 1915.
Ce dernier est plus pratique à utiliser. Le modèle 1915 est chargé par des lames-chargeurs de 3 cartouches, une petite modification durant l'année 1916 permet l'emploi de chargeurs à 5 cartouches. Ce système de chargeur, qui utilise les mêmes cartouches que le Lebel, le rend beaucoup plus rapide à recharger. Les accessoires de nettoyage et autres accessoires divers sont identiques à ceux utilisés pour le fusil Lebel.
 
Caractéristiques :
- poids à vide : 3,810 kg
- poids-chargé : 4,200 kg
- longueur sans baïonnette : 1307 mm
- longueur avec baïonnette : 1825 mm
- longueur du canon : 800 mm
- calibre : 8 mm
- capacité : lames-chargeurs de 3 cartouches (mod 1915), 5 cartouches (mod 1916)
- vitesse initiale : 715 m/s
- rapidité du tir : 11 coups par minute
- portée maximale : le gradin correspond aux distances comprises entre 400 et 800 m. Lorsque la planchette est rabattue vers l'avant, la distance est de 250 m lorsqu'elle est relevée, la distance est de 900 à 2300 m (mod 1915), 2400 m (mod 1916).
- équipement : épée baïonnette de 460 g
Une étonnante et ingénieuse transformation d'un Lebel pour l'adapter au tir en tranchée
Le périscope qui s'adapte sur le fusil Lebel. (pièce artisanale très rare qui permet au tireur de tirer droit devant tout en étant légèrement décalé sur la droite, caché derrière une paroi)
L'officier 1916
Le sous-officier  1916
Le poilu automne 1916
Le poilu printemps 1916
Le poilu automne 1915
Le poilu printemps 1915
Le fusil Lebel (86 modifié 93)
 
Improprement appelé " Lebel ", le "fusil 86 modifié 93" est le fruit des travaux menés à bien au camp de Chalons en 1882 sous la direction du colonel Nicolas Lebel.
On y a successivement adapté la fermeture à tenons symétriques du colonel Bonnet, la hausse à gradins et planchette, la révolutionnaire poudre sans fumée (poudre B) de l'ingénieur Vieille, la balle chemisée en maillechort (ou cuivre), la boîte de culasse de Clause et l'épée baïonnette à triple arête, la " Rosalie " du colonel Capdevieille.
Il se charge par l'introduction, une par une, de 8 cartouches par l'orifice du magasin. Robuste et précis, le fusil Lebel, très apprécié des soldats, est considéré par beaucoup comme le 1er véritable fusil moderne. Il est en tout cas le 1er fusil à chargeur à avoir été produit massivement.
 







Au début de la guerre, la quantité de fusils Lebel est de 2 880 000 unités dont 300 000 en très mauvais état. La production a été stoppée en 1904 et aucune mesure n'a été prise pour la relancer.
Dès novembre 1914, 6 000 fusils sont envoyés chaque jour pour être réparés et restaurés et pouvoir ainsi servir au front le plus vite possible. En contrepartie, en raison de la violence des combats, les pertes au front sont très importantes;  il est constaté qu'environ 40 000 fusils par mois sont perdus, enterrés, cassés... rendus inutilisables.
Dans l'urgence, les troupes du génie puis d'Afrique reçoivent des mousquetons Berthier en remplacement de leurs fusils Lebel. Cette opération permet de récupérer 102 000 Lebel.
 
Caractéristiques :
- poids magasin vide : 4,180 kg
- poids-chargé : 4,415 kg. En 1893, la balle chemisée est remplacée par la balle D en laiton, ramenant son poids à 4,240 kg.
- longueur sans baïonnette : 1307 mm
- longueur avec baïonnette : 1820 mm
- longueur du canon : 800 mm
- calibre : 8 mm
- capacité : 8 cartouches en ligne, six dans le magasin, une dans l'auget et une autre dans le canon.
- vitesse initiale : 716 m/s
- rapidité du tir : 21 coups en 1 minute 34 aux essais du Mont-Valérien.
- portée maximale : le gradin correspond aux distances comprises entre 400 et 800 m. Lorsque la planchette est rabattue vers l'avant, la distance est de 250 m lorsqu'elle est relevée, la distance est de 900 à 2500 m.
- fonctionnement : chargement par culasse à répétition manuelle, c'est-à-dire qu'il faut recharger après chaque tir
- équipement : épée baïonnette de 460 g
 








Cartouches               Accessoires de nettoyage
Le poilu automne 1914
Le poilu automne 1914
Le poilu août 1914
les uniformes et equipements des poilus
durant
la grande guerre